Ma première semaine de vacances vient de se terminer. En sept jours j’ai visité Rishikesh, cette ville que l’on qualifie comme capitale mondiale du yoga, et Delhi, que j’avais détesté à mon arrivée en Inde, à un point que j’en avais le goût de vomir juste à l’idée de penser que je devrais revenir y prendre l’avion…
Ainsi, après trois heures de train, une nuit à Chandigarh et un autre sept heures de train, jeudi soir et vendredi dernier, Maite, Jennifer et moi sommes arrivée brûlés à Rishikesh et avons pris les trois jours suivant plutôt tranquilles (en fait, nous avons pas mal pris toute la semaine tranquille). On est tout de même allés passer un peu de temps sur cette petite plage au bord du Ganga, rivière séparant la ville en deux, reliée par deux ponts suspendus réservés aux piétons. On a aussi passé beaucoup de temps dans les jolis petits cafés et pâtisseries de la ville, se remplissant le ventre de tout pleins de bonnes choses, à un point où personne ne se sent bien depuis l’arrivée à Delhi, mercredi soir.
En fait, c’est pas mal ça qu’on a fait à Rishikesh: manger de la bonne bouffe et boire des bons thés indiens. Mais bon, malgré tout ce que je peux manger depuis presque trois mois, je fonds à vu d’œil. En fait, j’ai tellement perdu de poids depuis mon arrivée que j’en ai l’air malade! Mes pantalons ne tiennent plus sans ceinture et même mes chemises sont devenues trop grandes pour moi. Cependant, je ne m’en fais pas trop avec ça: j’aurai quatre mois de poutine à rattraper à mon retour et rapidement je devrais retrouver mon »poids santé ». 😉
Rishikesh, comme je vous ai dit, c’est aussi la capitale mondiale du yoga. Donc, en plus de manger, Maite et Jenny m’ont convaincu de m’initier au yoga. Plutôt enclin au début, j’ai fini par accepter et je dois dire que je n’ai pas détesté du tout. En fait, j’ai découvert, le week-end dernier, une discipline physique et mentale très bonne pour la relaxation mais aussi pour l’équilibre et la flexibilité. Amis golfeurs, à mon retour on se met au yoga!
Finalement, tout raqué, ayant découvert plusieurs nouveaux muscles dans mon corps, c’est péniblement que je trainais mon sac à dos jusqu’à la station d’autobus, jeudi matin, pour un autre sept heures de bus qui allait nous mener à Delhi, cette grosse ville détestable, la pire au monde selon plusieurs grands voyageurs que j’ai rencontrés depuis deux mois et demi.
Pahar Ganj, zone de guerre!
Arrivés vers 18 :30 dans la ville, on a mis près d’une heure pour se rendre à la gare d’autobus. Cette heure, très longue, me confirmait que je devais sortir de là le plus rapidement possible. Et une fois arrivés à la station d’autobus, ça commençait : à peine débarqués du bus, les chauffeurs de rickshaws se jetaient sur nous comme des parasites et ne voulaient plus s’en aller. « Hello my friend! Where are you going! » Et Pahar Ganj, le quartier aux hôtels pas chers où on voulait dormir était trop loin, il fallait se chicaner avec eux et essayer d’obtenir un prix raisonnable. Finalement, après plusieurs longues minutes on a fini par en trouver un pas trop gourmand qui nous mènerait à destination à bon prix. Après quelques minutes on trouve un hôtel aux prix raisonnables, on s’assure que les chambres sont tout aussi raisonnables et on s’endort rapidement ; notre journée en bus nous a épuisés et on n’a plus d’énergie, pas même pour aller souper.
Il faut dire qu’on n’avait pas vraiment envie de sortir de toute façon. Les Jeux du Commonwealth prenant place à Delhi, la ville se met tranquillement en mode séduction : le métro, un Bombardier, sera achevé d’ici un mois. Dans les rues, on s’affaire à refaire les trottoirs, les rues et quelques bâtisses désuètes. Dans Pahar Ganj, quartier très touristique rempli d’escrocs et de vendeurs de n’importe quoi, on se croirait dans une zone de guerre. La rue principale – Main Bazaar – étant trop étroite, ils sont littéralement en train « d’arracher »environ vingt pieds des devants de tous les bâtiments de la rue. Ainsi, des tas de briques se retrouvent en plein milieu de la rue, qui est malgré tout ouverte aux autos. De chaque côté de la rue, on voit le devant des maisons. Les restaurants n’ont plus de devanture et tout ce que les travailleurs jettent au sol risque de nous tomber sur la tête. Ce soir, jeudi, juste avant de trouver mon hôtel (je suis seul depuis ce matin, mes deux amies étant toutes les deux parties, Jenny pour deux mois en Europe et Maite avec une amie dans l’est de l’Inde), j’en ai visité un dont le mur derrière la réception avait été démoli, on voyait donc dans la rue du deuxième étage de cet hôtel, miteux au départ. Étant toujours à un niveau d’alerte terroriste plutôt élevé, Pahar Ganj n’a plus besoin de ces agents de sécurité qui sillonnent les rues de Delhi; qui voudrait faire sauter cette place déjà démolie à l’avance!
Malgré tout ça, aussi difficile que ça puisse paraître, j’adore Delhi depuis trois jours. Et pour Maite et Jennifer, qui avaient détesté autant que moi, c’est passablement semblable. Peut-être que deux mois en Inde nous ont finalement permis de nous adapter à ce merveilleux pays ô combien souvent frustrant? C’est du moins ce que l’on pense. Parce que le bruit, je ne l’entends plus. En fait, je le trouve moins agressant qu’à Adampur. Ici, il est sourd. Il est tellement pesant que ça sonne comme une symphonie alors qu’à Adampur, en milieu rural, les klaxons sont moins fréquents et brisent le silence de façon plus sec, plus directe. Pareil pour les gens. Finalement, ils ne sont pas si pires. Ceux qui viennent me voir pour m’offrir plein de merveilleuses aubaines sur des trucs que ‘j’ai vraiment besoin’, je ne leur réponds plus et ils finissent par s’en aller. Et à la fin, Delhi est une merveilleuse ville. Quand tu arrives à te distraire de ces petits désagréments, quand tu deviens suffisamment confiant dans ce bordel désorganisé, à un point tel que la plupart des marchands ne perdent plus leur temps avec toi, tout comme ils le font avec les haitants de la ville, tu viens qu’à adorer la capitale de l’Inde. C’est un peu ce qui m’est arrivé dans les trois derniers jours. À vrai dire, je travaillerais ici – à certaines conditions, bien entendu – n’importe quand.
Présentement, il est 23 :45, jeudi soir. J’arrive de prendre un bon thé sur le toit d’un hôtel, sur la terrasse d’un petit restaurant, assis dans un fauteuil à lire un bon livre et à écouter la musique indienne s’entremêler avec les bruits de Pahar Ganj. Demain, je retourne au travail pour quelques jours (mes plans ont quelque peu changé), mais je reviens d’ici cinq à six jours pour passer une journée ou deux avec mon cousin Guillaume. J’ai vraiment hâte de revenir! Et la bonne nouvelle dans tout ça c’est que j’accumule des journées de congé que je pourrai prendre à la fin de mon stage, à la mi-juillet. Ça me fera du bien aussi d’avoir quelques journées pour voyager avant de rentrer à la maison…