Archives de la catégorie Uncategorized

Samedi soir dernier, assis sur le toit de ma maison, à ne rien faire d’autre qu’écouter les cris des animaux qui s’entremêlait avec la musique indienne d’un mariage qui avait lieu non loin de chez moi, je suis tombé en amour. Samedi soir dernier, assis sur le toit de ma maison, j’ai réalisé que j’étais en amour avec l’Inde. J’ai réalisé à quel point ce serait difficile de quitter, dans deux mois et demi.

Au début, je comptais les jours qu’il me restait parce que c’était très difficile. Maintenant, je les compte parce que je sens que ça passe beaucoup trop vite. Toutes ces petites choses qui me rendaient fou au début; les coups de klaxon, les gens qui me dévisagent, la saleté, etc., je ne les vois plus. Ce que je vois, depuis deux ou trois semaines, ce sont toutes les belles choses que l’Inde me fait vivre.

Samedi soir dernier, assis sur le toit de ma maison, je ne m’ennuyais plus de mon divan et de mon eau chaude. Sans électricité, après une douche glaciale, je ne pensais plus à ma télé, mon ordi et mon Blackberry. Toutes ces choses superficielles, j’étais heureux de ne pas les avoir avec moi. J’étais assis sur une couverte, à regarder les étoiles et à me répéter à quel point j’étais chanceux de vivre ça.

Je pensais vraiment que ça serait plus difficile que ça, l’Inde. Je m’attendais à ce que les deux semaines d’enfer que j’ai vécues au début s’étireraient sur plusieurs semaines/mois. Je pense encore que quelque chose va arriver qui compliquera les choses. Chaque jour, je me dis que ça ne peut durer ainsi pendant encore deux mois et demi. Présentement, chaque fois que je suis fatigué, épuisé, quelque chose d’intéressant arrive. Hier, par exemple, j’ai passé la journée dans un autre Centre afin de participer à un projet qu’on prévoit lancer à Adampur dans les prochaines semaines. Trop tard pour prendre le bus après, j’ai couché dans ce petit village dans la campagne du Punjab, très profond en Inde. C’était merveilleux. C’est la beauté d’un amour de quatre mois : avant que la lune de miel finisse je devrai quitter et je garderai à tout jamais un beau souvenir de l’Inde.

***

Hier, comme je vous disais, je me suis rendu à Boghpur pour visiter un autre Centre et prendre part à leur after-school program, programme qui consiste à faire des activités avec les jeunes après l’école. Comme je ne fais pas beaucoup de sport depuis mon arrivée, je me disais qu’un peu d’activité physique avec les jeunes ne me ferait pas de tort. Oh boy! C’est pas du tout ce à quoi je m’attendais (je dois absolument arrêter de me faire des attentes)! Alors que je m’attendais à voir une vingtaine de jeunes, à jouer au soccer et au criquet avec eux, ils étaient finalement 80 petits monstres de 5 à 10 ans (on les a compté) à courir et à crier partout. J’ai vraiment passé la première heure à chercher mon souffle et à me demander ce que je faisais ici!

Jennifer et Alexandra, les deux responsables du programme, m’ont vraiment impressionné. Avec l’aide d’un traducteur, elles ont amusé les enfants pendant une heure et demie en les faisant sauter à la corde, dessiner, jouer au soccer et plus encore. En ce qui concerne mes bonnes intentions de lancer un tel programme dans la communauté d’Adampur, ça pourrait peut-être attendre encore deux mois et demi…!

***

Je sais que ça ne peut durer : comme tout amour, l’Inde sera éphémère. Par contre, présentement je suis sur un nuage et je vole très haut dans le ciel, complètement déconnecté de la réalité. Réalité qui m’attend à mon retour le 12 juillet. D’ici là, je n’ai pas une minute à perdre, je dois en profiter!

Hier matin, vers 10 :00, j’ai eu droit à une belle surprise : mon patron est venu nous rendre visite pour la première fois en deux semaines. Je lui avais demandé de m’avertir au moins une journée à l’avance, question de  planifier un peu et de ne rien prévoir d’autre mais bon, on a mis de côté tout le reste et on a passé la journée ensemble. C’était quand même très intéressant…

Après plusieurs rencontres et réunions avec des entrepreneurs locaux et d’autres stagiaires on s’est finalement dirigé vers un dépotoir situé à quelques dizaines de kilomètres d’Adampur, futur site d’enfouissement de notre ville où on essaie de convaincre les entrepreneurs locaux d’investir dans notre projet. Le site est merveilleusement mal situé : en plein milieu de champs de blé aussi jaunes que l’or, dans un petit coin de paradis où les femmes transportent les paniers sur leurs têtes, où les buffles tirent des charrues de blé et où plusieurs familles habitent dans des petites huttes de paille le long des routes. Le trajet était très intéressant et très beau, d’autant plus que nous l’avons fait en moto sur des petits chemins de terre, par un bel après-midi ensoleillé. On était vraiment en campagne! Mais, en plein milieu de cette campagne indienne, le dépotoir.

La campagne du Punab est vraiment belle! (photo prise par un collègue, Alexander Wong)

Malgré son emplacement, tout l’équipement y est pour faire quelque chose de très bien ou à tout le moins quelque chose de beaucoup mieux que de simplement jeter les déchets dans le canal qui limite la frontière sud de la ville. Quand je vous dis que tout y est, tout y est! Camions, bacs géants pour la récupération et le composte, balance pour peser les camions et bâtiments pour l’administration. Il n’y a rien de différent entre cet endroit et le dépotoir (ou les deux sites de récupération) à Sherbrooke. Il ne manque qu’une seule chose : la main d’œuvre. Mais pourquoi donc avoir construit tout ça si personne n’avait l’intention de l’exploiter après? Selon mon patron, la Banque Mondiale finance continuellement de tels projets partout dans les pays en développement. L’argent est donc donné au gouvernement indien pour mener le projet à terme mais une fois qu’il a construit le site il transfert la responsabilité au gouvernement du Punjab, qui la transfert aux autorités du district d’Hoshiarpur. N’ayant pas plus d’argent que les autres paliers gouvernementaux pour garder le projet en vie, la responsabilité est finalement transférée au leader du village où le site d’enfouissement a été construit, qui laisse finalement le site mourir de lui-même. Les compagnies privées viennent de temps en temps pour emprunter les camions ou utiliser la machinerie. À part ça, il ne se passe pas grand-chose. Mais bonne nouvelle : on pense avoir trouvé des investisseurs locaux qui seraient intéressés à relancer le projet avec l’aide des différents paliers gouvernementaux. Parce qu’il existe quand même des fonds pour ce genre de projets… Comme quoi finalement tous les gouvernements se déléguaient les responsabilités, peut-être parce que ce n’était qu’un projet environnemental.

***

Ma première pluie à Adampur!

À part les petites gouttes qu’on a eues ce week-end à Mcleod Ganj, je n’avais pas vu de pluie depuis au moins 4 semaines. Ce matin, tous les stagiaires étions un peu comme des enfants au Québec lors de la première bordée de neige! En effet, il pleuvait à plein ciel  ce matin. Il fait également beaucoup moins chaud aujourd’hui. Il ne fait ‘que’ 30 Celsius en ce moment. Ça fait très drôle à dire mais quand ça fait un mois qu’il n’a pas fait moins que 38-39 c’est quasiment frisquet aujourd’hui!

Pas de café mais…

Je m’habitue tranquillement à ne pas prendre mes cinq ou six cafés par jour. Le matin, je les remplace par des jus de bananes (ou oranges, mangues ou ananas) fraîchement pressés dans un petit kiosque tout près de mon bureau. Comme ça prend quelques minutes au jeune d’une quinzaine d’année pour les préparer, il envoie son petit frère de 11-12 ans me les porter dans mon bureau. Vraiment, c’est presque mieux qu’un café!

Petit mot pour vous souhaiter un bon week-end, j’avais prévu vous écrire aujourd’hui mais le temps m’a manqué, principalement dû à ma première coupe de cheveux indienne, qui a pris un peu plus de deux heures de ma journée. Le barbier, qui parlait très bien anglais, m’a offert thé, liqueur, coupe de cheveux et a terminé le tout par un massage de tête. Ce massage, bien que long, était d’un repos incroyable. Je me suis presqu’endormi sur la chaise!

J’aurais aimé vous parler de cet entrepreneur avec qui je m’entends bien et qui m’a invité à prendre le thé chez lui hier soir. J’ai rencontré sa femme, ses enfants… Il a vraiment une belle famille et c’était encore une fois une rencontre merveilleuse.

Malheureusement, j’entre en classe dans quelques minutes et ensuite mes compagnons de voyage me rejoignent chez moi pour un souper. Au menu: pastas à la Mathieu accompagnées d’un dessert typiquement québécois, des crêpes au sirop d’érable! Et oui, j’ai amené une canne de sirop d’érable québécois et je crois que ce sera le bon moment ce soir pour faire goûter mes amis.

On quitte tous d’Adampur demain matin à 5am, en espérant arriver à Mcleod Ganj vers midi. Je vais devoir amener mon linge chaud, on n’annonce  »que » 25 Celsius là-bas en fin de semaine.

Bon week end et surtout merci de venir en si grand nombre à tous les jours, vous ne pouvez savoir à quel point je suis surpris mais aussi à quel point je l’apprécie!

Mat

Hier soir, à 17 :30, j’avais mon cours d’anglais quotidien. Surprise! Sur 5 élèves une seule s’est présentée, Kavita. En fait je n’étais pas tellement étonné. C’est fréquent qu’il manque des élèves pour toute sorte de raison : travail, école, etc. Mais quand même, je ne m’y attendais pas et le cours, anglais oral, était préparé en fonction de plusieurs élèves qui allaient discuter et débattre entre eux. Il fallait donc improviser un petit peu…

Kavita est certainement la meilleure élève du centre. Elle parle un anglais plus que très bon, a passé les examens d’admission et a été acceptée à York University (Toronto) pour compléter une maîtrise (je ne suis plus certain dans quel domaine). Malgré qu’elle soit déjà admise, elle désire perfectionner son anglais qui, comme je vous dis, ne sera définitivement pas une barrière à son apprentissage ou à son intégration au Canada, d’autant plus que la communauté punjabi est très présente à Toronto. Les quelques filles que j’avais rencontrées en Inde jusqu’à présent m’avaient poussé à croire que je n’arriverais jamais à avoir une ‘vraie’ discussion avec une indienne, dû en grande partie à leur statut social mais également à leur culture qui leur empêche pratiquement d’avoir une vie et des contacts avec des hommes autre que leur mari. J’espère vraiment que les autres élèves me referont le même coup à nouveau et que j’aurai la chance de lui enseigner seul à seul parce que je doute avoir l’occasion de discuter avec elle à l’extérieur des cours comme j’ai pu le faire l’autre soir lorsque Prince est venu souper chez moi.

Donc, après avoir corrigé le devoir et avoir débattu sur l’éducation en Inde, sujet pour lequel elle a une grande connaissance et une opinion très définie, on s’est mis à parler de choses plus sérieuses. Premièrement : « j’ai entendu dire qu’il y avait un McDo au Punjab, y’est où?! » « À environ 45 minutes d’ici, me dit-elle, avec un petit sourire à en faire plier les genoux de n’importe quel homme. Tout près du PFK et du Pizza Hut. » Oh My God! Inutile de vous dire que mes prochaines vacances sont dans ce coin là, même si elle m’assure qu’il n’y a absolument rien à voir par là, que ces restaurants sont en plein milieu d’un champ, aux abords d’une autoroute. Whatever!

Tranquillement, la conversation est devenue plus sérieuse (pour de vrai!), et on s’est mis à parler de Gandhi, pour qui elle a un grand respect. « Mais pourquoi est-ce que plusieurs indiens au Punjab ne partagent pas ton opinion, comme Prince, par exemple? » « Prince croit qu’il était de connivence avec les anglais. Selon lui, Gandhi voulait l’indépendance de l’Inde tout en gardant des bonnes relations commerciales et une certaine dépendance économique. Prince est aussi partisan des Sardar. » Des Sardar? « Oui, il s’agit d’un groupe Sikh – aux pratiques terroristes – très présent au Punjab qui défie continuellement l’ordre et le gouvernement. » D’ailleurs, en mai 2009 il y a eu de violentes émeutes au Punjab, causées par des Sardar, suite à la mort d’un des leurs en Autriche. Ce dernier fut tué par un groupe Sikh rival. Un couvre-feu a été imposé, les magasins n’avaient plus le droit d’ouvrir et l’armée est débarquée dans les rues du district de Jalandhar (à 25 minutes d’Adampur) pendant une semaine. Kavita a eu très peur. Elle a d’ailleurs toujours peur que d’autres événements de la sorte surviennent dans la région.

Elle me trouve bien drôle lorsque je lui demande si ça l’effraie d’immigrer au Canada. Lorsque je lui dis que moi ça m’effrayait de venir en Inde, elle me répond qu’au moins, au Canada, elle n’aura qu’à se soucier de ses études; pas de se faire attaquer dans les rues ou d’être victime d’actes terroristes. « Ben oui mais là! Moi, est-ce que je devrais avoir peur d’habiter au Punjab? » Elle part à rire et me répond que non, le Punjab est très tranquille et sécuritaire depuis les récentes attaques, « mais on ne sait jamais quand est-ce que ça peut se reproduire. » Vive le Canada…

***

Mon expérience culinaire végétarienne a pris fin après 14 jours exactement. Sûrement que quelqu’un qui ne mange que des légumes et du riz toute sa vie s’y fait mais moi, ne pas manger de viande ça m’a enlevé toute mon énergie et rendu malade pendant presqu’une semaine. Depuis trois jours j’essaie de manger de la viande et je vois une énorme différence. Le seul problème est que la seule viande qu’on peut trouver à Adampur c’est du poulet… ou plutôt une poule que je devrais transformer en poulet moi-même. Et ça, ça n’m’intéresse pas! À part ça on a trouvé un restaurant qui en servait (seul restaurant d’Adampur, sinon ce sont des petits kiosques de fast food dans la rue), mais c’est très loin du travail. Contre toute attente ils font également la livraison. Vous auriez dû nous voir essayer de commander quelque chose au téléphone l’autre soir! Par chance, ils savent où habitent les ‘white guys’ parce qu’on a aucun idée de notre adresse : on n’a aucun nom de rue ni de numéro civique après notre porte!

J’ai bien hâte de vous redonner des nouvelles. Ca ira à mon retour d’Amritsar, lundi ou mardi matin. Je m’attends à voir de très belles choses là bas… Bon week-end!

Ça fait déjà quelques jours que j’ai envie de parler d’environnement et à chaque jour j’en apprends un peu plus sur le sujet. Aujourd’hui, en classe, on a justement discuté d’environnement : j’ai demandé à mon groupe de quatre élèves s’ils croyaient que les indiens étaient suffisamment soucieux de leur environnement. J’ai été très rassuré de savoir qu’ils étaient unanimes et qu’ils pensaient tous que ce problème n’était pas assez prix au sérieux. Leurs réponses m’ont cependant surprises…

Canal puant que je traverse pour me rendre au travail...

Ça ne fait que dix jours que je suis à Adampur mais déjà j’ai vu des choses horrifiantes et très inquiétantes pour l’avenir de la planète. Par exemple, le petit canal que je traverse tous les jours pour me rendre au travail est tellement rempli de déchets que l’eau n’arrive même plus à passer à travers tous ces débris. À force de tout jeter par-dessus le pont, les habitants d’Adampur ont littéralement créé un barrage sur plusieurs dizaines de mètres. L’odeur y est insupportable et la vue en est tout autant. Tous les matins, lorsque je me rends au travail, il y a des indiens qui fouillent parmi les déchets, à la recherche de nourriture ou de trésors qu’ils pourraient ensuite revendre.

Le dépotoir de la ville n’est guère mieux : tout le monde y jette n’importe quoi (déchets toxiques, piles, etc), ce qui est en train de contaminer le sol. C’est d’autant plus inquiétant puisque ce tas de déchets d’environ 200 mètres carré est pratiquement situé en plein centre de la ville, immédiatement à côté de la station d’autobus… et de notre bureau. Selon mon patron, le sol est tellement contaminé que les entrepreneurs locaux doivent maintenant creuser jusqu’à 80 pieds en profondeur afin de trouver de l’eau potable alors qu’il y a à peine 10 ans on ne creusait que 30 à 40 pieds de profond pour retrouver la même qualité d’eau.

Dépotoir municipal d'Adampur

Déchets sortis des égouts et prêts à être brûlés

Plusieurs indiens ne se servent même pas du dépotoir : en plus de jeter leurs déchets dans le canal, plusieurs marchands brûlent leurs déchets le matin devant leurs commerces. Ainsi, une fois traversé le canal, en arrivant au centre-ville, on peut voir des dizaines de feu de chaque côté de la rue principale. Les odeurs y sont toutes différentes mais toutes aussi désagréables les unes les autres. Devant notre bureau il y a présentement un énorme tas de déchets qui a été retiré des égouts plus tôt dans la journée et qui devrait s’envoler en fumée demain dans la journée…

Mais pour en revenir à mes élèves, comme je disais ils sont unanimes sur le fait que l’environnement n’est pas assez pris au sérieux dans leur pays. Ce qui était surprenant c’est qu’aucun n’a mentionné les situations que je viens de souligner er pourtant ça saute aux yeuz. Malgré leurs préoccupations, ils ont soulevé des problèmes tellement mineurs, tellement moins graves que ceux dont je vous ai parlés, qu’ils m’ont laissé croire que malgré leur sensibilisation ils n’ont vraiment aucune éducation sur le sujet. Par exemple, Honey, celle qui voulait savoir si j’étais marié, a mentionné qu’un des problèmes environnemental de l’Inde, c’est tous ces hommes qui crachent et urinent partout sur la rue principale (oui. Ici, lorsque tu as envie, tu baisses tes culottes et tu fais pipi, peu importe où tu es). Savita, jeune coiffeuse dans un petit salon tout près de mon bureau, croit que les feux d’artifice utilisés lors d’un festival en juillet (une journée) est très néfaste pour l’environnement. Même si ces exemples sont bons, je ne m’attendais vraiment pas à des exemples aussi banals étant donné qu’il y a pire. Tellement pire. Mais quand même : ils sont au courant du problème, reste à les éduquer un petit peu…

Ça fait déjà presque deux semaines que je suis en Inde et que je vous parle de plusieurs belles aventures que je vis mais il y a également des moments moins faciles. Beaucoup d’entre vous m’avez envoyé des courriels, des messages Facebook ou tout simplement laissé un commentaire sur le blogue pour me dire à quel point l’Inde semblait fascinante et comment mes textes vous donnaient envie de voyager dans ce pays. Mais il y a également l’envers de la médaille… Vous savez, on est aussi très bien au Québec!

En Inde, c’est très sale. Tout est très poussiéreux. Je ne peux pas me promener pieds nus dans ma maison tellement il y a du sable et de la poussière partout. Et même si on passe un p’tit coup de balai ce n’est pas long que tout est poussiéreux à nouveau. Vous avez vu ma maison de l’extérieur dans mon dernier texte? Très belle vous dites? De l’extérieur, oui. Mais de l’intérieur c’est une toute autre chose : que quelques meubles dans la salle à manger (une table et 4 chaises), pas d’eau chaude (hier soir il n’y avait pas d’eau pantoute!), des pannes d’électricité tous les soirs entre 20 :00 et 22 :00, les moustiques qui entrent par les trous dans les moustiquaires ou par la porte qui ferme mal. Je remarque que toutes les maisons sont pareilles.Et faire mon lavage à la main, dans une petite chaudière, n’est pas mon passe-temps préféré non plus… Je me trouve quand même très chanceux que d’avoir une maison parce que plusieurs indiens dorment dans des tentes le long de la rue principale ou dans les champs.

Au bureau ce n’est pas beaucoup mieux! La toilette est située dans un coin sur le toit de notre bâtiment, sous un toit de tôle soutenu par des murs de briques percés de trous. La porte ferme mal, les araignées et les lézards se promènent sur les murs. Mettons que tu n’prends pas le temps de lire le journal! Mais encore là, je suis chanceux : on a une toilette occidentale et du papier de toilette. Je le précise parce que les indiens ne se servent pas de papier de toilette : ils se servent d’un sceau d’eau placé à côté de la toilette. D’ailleurs, il y en a un à côté de chaque toilette que j’ai visitée.

À Adampur il n’y a que quatre blancs (moi et mes 3 collègues). Plusieurs indiens, pour ne pas dire tous, nous regardent comme si on était des extra-terrestres. Dans la rue, ils nous dévisagent, nous regardant droit dans les yeux, souvent jusqu’à ce qu’ils nous perdent de vue. Les hommes, avec leur air bête, ont un regard très fâché, presque méchant, même s’ils ne le sont pas : c’est vraiment leur regard qui paraît méchant mais quand même, des fois c’est pas plaisant. Les enfants nous regardent avec leurs petits yeux vitreux et affamés, impressionnés par la couleur de notre peau. Et si on a le malheur de porter des bermudas c’est encore pire. Ici, les femmes sont très mal à l’aise de voir nos jambes. Ainsi, personne ne s’aventure en ville les jambes à l’air.

Voilà déjà 2 semaines que je suis en Inde. Ça, ça signifie deux semaines sans eau chaude. Quatorze jours sans manger avec des ustensiles propres et dix (depuis mon arrivée à Adampur) que je n’ai pas dormi sur un matelas (on dort sur des grosses couvertes épaisses).

Je compare un peu cette expérience aux aventures de plein air que j’ai vécues depuis quelques années : quand tu les planifies, c’est excitant, énervant et un peu épeurant. T’as des papillons dans l’estomac. Une fois rendu ‘dedans’, tu souffres et te demandes en tabarouette pourquoi t’es pas resté chez toi, dans ton petit confort! Mais en bout de compte, tu t’y fais et tu réalises que malgré tous ces inconforts c’est ça que tu recherchais : un challenge mental, une épreuve qui te rendra beaucoup plus fort. Donc, je me fais à tous ces petits inconvénients, à ce bruit incessant et à cette saleté; tranquillement je m’habitue à ce qui sera mon train de vie pour les prochains mois.

J’ai une blonde!

Mais vous savez, il y a encore des bons côtés. Hier, un étudiant indien (Prince, je vous ai déjà parlé de lui) m’a raccompagné chez moi. On s’est finalement fait un souper, on a joué aux cartes et on a passé la soirée à discuter de culture indienne. Il m’a entre autre expliqué pourquoi cette jeune indienne m’avait demandé, durant le cours, si j’étais marié et comment je trouvais les femmes indiennes. Je n’étais pas très à l’aise de me faire demander ça devant la classe. Selon lui, plusieurs jeunes femmes indiennes vivent dans des familles très conservatrices et souhaiteraient avoir la chance de marier un occidental pour qu’il la ramène dans son pays. Ainsi, pour les besoins de la cause, je lui ai dit que j’avais une blonde au Canada. Haha… Avez-vous eu peur? 🙂

***

J’adore toujours mes nouvelles fonctions, avoir à négocier avec la culture indienne dans mon travail est incroyablement difficile et intéressant. Leur désorganisation me fascine : une petite tâche peut devenir le projet d’une journée complète! Pour l’instant j’adore ça, c’est un défi merveilleux.

Mon travail demande également beaucoup de temps, ces derniers jours je suis arrivé au travail à 6 :45-7 :00 le matin et suis reparti vers 19 :30-20 :00 le soir. J’aurais tout plein d’histoires à vous raconter, il ne me reste qu’à trouver le temps pour les écrire. Entre autre, je dois vous parler de l’environnement et de la pollution. J’ai quelques photos de prises à ce sujet également…

En fin de semaine on s’en va finalement à Amritsar (à moins que je retombe malade!) visiter le Golden Temple et la frontière pakistanaise. On est cinq stagiaires à y aller, ça devrait être une belle fin de semaine!

À bientôt!

Rajib, 24 ans, avait un cours d’anglais ce soir (mardi soir) au Centre et j’ai décidé d’y assister puisqu’à compter de demain ce sera moi qui enseignera à cette classe. Grosse classe de 4 élèves, dont deux ne se sont pas présentés à cause d’examens dans leurs collèges respectifs.

Donc, Rajib revenait de travailler pour une compagnie de télécommunication. En plus de son travail à temps plein, il étudie à distance (à temps plein également), complétant un baccalauréat en ingénierie. À travers travail et étude il va aussi au gym 5 fois par semaine. Son ami, Prince, étudie dans une université pas loin d’Adampur, en ingénierie également. Ces deux gars ne ressemblent en rien aux indiens que j’ai rencontrés depuis une semaine. Très occidentalisés, ils ressemblent à n’importe quel jeune dans la vingtaine en Amérique : chemises à la mode, jeans délavés et gel dans les cheveux.

C’est fou l’ambition et la motivation d’apprendre de ces deux gars-là! Malgré les quelques minutes de retard (culture indienne oblige!), leurs devoirs étaient faits et ils semblaient plus que motivés à continuer la leçon. Ainsi, respectant la philosophie du Centre (l’éducation sociale), le thème de la journée était la politique. Inutile de vous dire que ça me faisait plaisir d’être présent à ce cours, ou je me suis finalement retrouvé assis dans la chaise de l’élève et les ai écouté parler (c’était un cours d’anglais oral) pendant 3 heures, même si le cours ne devait durer qu’une heure et demie. En fait, on a plutôt discuté et argumenté sur les problèmes de l’Inde, sur la place des femmes dans la société, les castes (phénomène de classes sociales datant de plus de 4000 ans, avec l’arrivée de la race aryenne au nord du sous-continent), des britanniques et de leur invasion de l’Inde, de Gandhi. Curieusement, Gandhi ne fait pas l’unanimité chez les indiens, pour plusieurs raisons. Entre autre, Gandhi aurait pu, à l’époque, éliminer les castes en Inde mais, venant de la plus haute classe sociale, il n’a rien fait. Ils n’ont vraiment pas une belle opinion de Gandhi et sont restés surpris, presque choqués, lorsqu’on leur a dit qu’à l’extérieur de l’Inde il est considéré comme l’une des figures les plus marquantes du 20ème siècle…

On a aussi parlé de religion. Selon Prince, les indiens ne sont pas libres puisqu’il est impossible pour eux de parler de religion. Prince se dit athée mais il n’oserait jamais le dire à ses parents. C’est d’ailleurs très surprenant d’entendre ça, l’Inde m’apparaissant comme tellement religieuse en elle-même. De plus, selon lui, si on sortait à l’extérieur du bureau et qu’on disait aux Sikhs (religion majoritaire du Punjab) qu’ils ont tort, on se ferait probablement battre à mort. Même chose pour les classes sociales : venant tous deux de la plus basse caste de la religion hindoue il sera impossible pour eux de marier une femme d’une classe sociale plus élevée. La société ne le leur permettrait jamais et ils pourraient même se retrouver en prison. De ce point de vue l’Inde n’est pas libre, en effet…

Mais comment régler ces problèmes d’injustice? C’est ici que nos deux élèves ne s’entendent pas. Prince croit qu’il faut une révolution des indiens. Selon lui, s’ils ne s’affirment pas – il a même défendu les mouvements de violence pour arriver à cette fin – ils ne se feront jamais respecter. Rajib, lui, croit que c’est par l’éducation et la sensibilisation qu’ils arriveront à changer l’Inde. Un peu désillusionnés, ils ne croient cependant pas que l’Inde peut changer. Pourtant, si on regarde l’écart gigantesque entre la mentalité de leur génération et celle de leurs parents, si on prend pour compte que l’Inde a été virée à l’envers dans les 30 dernières années, on serait porté à croire que tout continuera à changer et que d’ici 30 ans les classes sociales n’existeront plus…

Finalement, la phrase du jour revient à Rajib : « Tous les indiens sont corrompus », et c’est à cause de ça que l’Inde ne changera jamais. Les plus hautes classes sociales paient les politiciens, les autorités policières, les médias, etc. Selon lui, c’est tellement encré profond dans la mentalité indienne que ça empêchera la société de changer. C’est certainement ce qui empêche les castes d’être éliminées, selon Rajib et Prince, la corruption empêchant tout programme social pour aider les moins nantis à s’en sortir ou encore limitant l’intégration des femmes dans la société. Si quelqu’un décidait de sortir du ‘’moule indien’’, les hautes castes de la société s’assureraient, à l’aide de pots de vin, de les remettre à leur place.

On prévoit continuer notre débat mercredi soir…

***

À part ça, ça va. Le travail est super, les indiens ont cependant une culture d’entreprise totalement différente de la nôtre et ça rend les choses très… intéressantes! Comme ils n’ont aucune structure, tout le monde fait un peu tout, souvent en double. Même moi je suis trop organisé pour eux!

Mercredi je dois me rendre dans une petite ville à environ 30 minutes d’ici afin de m’enregistrer auprès des autorités indiennes. À écouter les autres stagiaires c’est tout un calvaire… En principe, ce week-end je vais à Amritsar visiter entre autre le Golden Temple, lieu sacré construit entièrement en or. On devrait passer le week-end là bas et revenir tôt lundi matin.

Je cherche encore une façon de vous envoyer quelques photos mais je commence à être à court de moyen. Notre connexion Internet est tellement lente que de télécharger une seule photo devient toute une épreuve de patience!

Catherine, pour répondre à ta question la langue n’est pas un gros problème pour le moment. Dans les restaurants ils servent rarement plus que deux repas. Je prends donc ça, ou ça! Au travail, j’ai rarement à parler avec des indiens. Pour les fois ou ça arrive, les deux employés locaux servent de traducteurs. Ils parlent très bien anglais même si parfois on doit répéter pour se comprendre à cause d’un accent assez prononcé. De plus, les jeunes indiens occidentalisés commencent tranquillement à prendre la relève dans les magasins moins traditionnels tels que le café Internet de la place ou le centre de photocopies, (qu’ici on qualifierait plutôt de photocopieur dans un garde-robe!). Ces jeunes indiens se débrouillent assez bien en anglais pour qu’on puisse se comprendre.

De mon côté, j’aimerais vraiment apprendre leur langue sauf qu’ici, au Punjab, ils parlent le punjabi, mais pas tous : certains parlent l’hindi. Quand même, après une semaine je sais déjà compter jusqu’à deux…mais présentement j’ai oublié le un…

Grosse journée mardi : j’ai fini de travailler vers 21 :00 et j’ai donc dîné et soupé au resto, en plus de m’acheter quelques fruits durant la journée ainsi que 3 ou 4 bouteilles d’eau et deux verres de jus de fruits fraîchement pressés devant moi. Ma journée m’a coûté quelque chose comme 3,75$…

J’espère vraiment être capable de vous envoyer des photos de notre maison et des quelques places visitées bientôt…